© A. Leclerc

 TEMPS 1 – « La Peau Vivante de la terre » ( ou croûte)

Pendant une semaine Rémi Luchez travaille sur le site et monte une installation plastique éphémère.

« Depuis leur apparition les hommes grattent les parois calcaires, utilisent du bois, mâchouillent la cire des abeilles. Sculpter c’est hérisser la terre avec tout ce qu’on y trouve pour que l’espace en frissonne. » N. Alquin

Rémi Luchez prend cela au mot et dresse des objets en bois, préalablement brûlés, comme des poils érectiles.

C’est une immersion dans la sculpture : brûler, assembler, bâtir, découper, forger, souder, modeler, morceler, mouler, polir et lisser, récupérer, tailler,…

Une plongée dans la sculpture pour rentrer dans les entrailles de l’émotion.

Une immersion dans le corps du sculpteur : la performance plastique n’a pas tant pour objet la sculpture elle-même que de proposer des repères tactiles des expériences. Elle s’intéresse principalement au sculpteur et encore plus au corps du sculpteur, pétri et incarné. Elle est un prétexte. Elle propose un vécu, une mémoire tactile, concrète. Enfin elle a pour objet l’incarnation du personnage qu’on appellera le DRESSÉ.

[ ENTRACTE ]

L’installation est brûlée

IL RESTE UNE TRACE DE CENDRES TIÈDES SUR LE SOL BOMBÉ

TEMPS 2 – Piocher et écrire le vivant

Dans un second temps Rémi Luchez piochera dans la matière, dans ce qui a été, dans ce qui a laissé des traces dans la mémoire : les repères tactiles, les rencontres, les accidents, les éclats, les ratés, dans ce qui reste,…

Pour agencer un espace, creuser un sillon dans lequel ce personnage (le Dressé) puisse exister (faire son trou) (se mettre debout).

Le temps du spectacle.

La pièce se déroule donc dans ce lieu sinistré, dans un après en tant qu’espace où ce qui reste devient ce qui est. Où un morceau de charbon contient la mémoire du monde, une bouteille de bière jetée au feu et sur laquelle on aurait pissé joyeusement se retrouve au fondement de notre art contemporain. Solitude et désolation pour cet acrobate de la renaissance »

Comment s’envoyer en l’air avec un tas de cendre et un bout de planche cramoisi ?

Intensité et inutilité

poésie et fracas

Radicalité et futilité

Cul et chemise

Ces ambivalences définissent les champs des possibles du personnage, son cadre, son espace de jeu.